Révolution spatiale européenne
Remarcher malgré Parkinson
N° 34/ Mercredi 8 novembrene Américaine, prix Nobel d’économie
Révolution spatiale européenne
Sous pression, la France accepte la concurrence à Arianespace, en ouvrant le marché intérieur aux PME privées européennes en train de développer des micro-lanceurs. Un accord européen qui aurait été impossible sans les négociations en amont entre la France, l’Allemagne et l’Italie, les poids lourds du spatial européen.
L’exemple de SpaceX
L’exemple américain, la concurrence installée par Obama il y a quinze ans, a montré des résultats impressionnants, avec la réussite de SpaceX notamment. L’industrie spatiale privée aux Etats-Unis a montré créativité, souplesse et rapidité. Tout ce qui a manqué à Arianespace, où la lourdeur de la collégialité des décisions a pesé lourd dans les retards d’Ariane 6. Quatre ans pour le nouveau lanceur, avec en prime l’indisponibilité de la fusée italienne Vega et donc la perte d’indépendance de l’Europe dans le lancement de satellites à un moment crucial.
La France n’a pas peur de la concurrence
La Commission européenne a été contrainte de se tourner vers SpaceX, auquel elle a signé un chèque de 180 millions, pour déployer, en 2024, 4 nouveaux satellites Galileo, le GPS européen, afin d’assurer la continuité des services à ses clients…
Ariane, financée à 55 % par la France, perd son monopole d’un demi-siècle sur ce segment de marché. En contrepartie, Paris obtient une nouvelle subvention publique, soit 340 millions au maximum par an, sur la période 2026-2028 (du 16e au 42e vol).
La France récupère aussi les deux pas de tir inutilisés d’Ariane 5 et de Soyouz (depuis la fin de la coopération avec la Russie début 2022). Et voit le rôle de la base spatiale de Kourou en Guyane réaffirmé comme « port spatial européen de classe mondiale ». La France, qui a beaucoup cédé, affirme ne pas redouter la concurrence, source de baisse des coûts et d’innovation. Il reste à le démontrer dans les années à venir.
Des électrodes contre la maladie de Parkinson
Un malade français atteint de Parkinson peut marcher à nouveau grâce à l’implant d’électrodes fixées près de sa moelle épinière, une première mondiale réussie au CHU de Lausanne, en collaboration avec une équipe bordelaise. Marc, un Bordelais âgé de 62 ans, ne pouvait plus marcher sans trébucher.
Ses mouvements, saccadés, désynchronisés, ne lui permettaient pas de franchir le moindre obstacle. Diagnostiqué Parkinson en 1996, aucun traitement n’avait pu le soulager. Choisi en 2021 pour profiter de ce programme suisse, son rétablissement est spectaculaire. « Même les escaliers ne me font plus peur à présent. Tous les dimanches, je vais au bord du lac et je marche environ 6 kilomètres », a-t-il témoigné lors d’une conférence de presse.
8,5 millions de personnes atteintes de Parkinson
8,5 millions de personnes dans le monde sont atteintes de la maladie de Parkinson. Dans cette pathologie neurodégénérative incurable, la moelle épinière n’est pas lésée, mais les neurones chargés de fabriquer la dopamine dans le cerveau meurent progressivement. La dopamine est notamment impliquée dans le mouvement, les émotions, ou encore la cognition.
Après avoir fait remarcher des patients atteints de lésions de la moelle épinière, la neurochirurgienne Jocelyne Bloch et le neuroscientifique Grégoire Courtine se sont associés avec une équipe de recherche de Bordeaux, pour faciliter la marche des personnes atteintes de Parkinson.
Des troubles de la marche surviennent chez 90 % des personnes présentant un stade avancé de la maladie de Parkinson. "D'où l’idée de développer une neuroprothèse pour corriger les troubles locomoteurs de ces patients", explique Grégoire Courtine, professeur en neurosciences au CHUV et à l'Université de Lausanne.
Même traitement que pour des paraplégiques
Aujourd'hui, « on constate qu’en stimulant la moelle épinière, de la même façon que nous l’avons fait chez des patients paraplégiques, on arrive à corriger les troubles de la marche dus à la maladie de Parkinson », ajoute la neurochirurgienne Jocelyne Bloch, il s'agit de mettre des électrodes dans la région de la moelle épinière qui contrôle les jambes, précise-t-elle. Puis ces électrodes sont connectées à un neurostimulateur, qui a la taille et la forme d'un pacemaker, sous la peau, et qui fonctionne avec une télécommande qui nous permet de faire des réglages ». L’équipe franco-suisse prévoit déjà d’étendre le traitement à six autres patients atteints. Et pense qu’il faudra patienter au moins cinq ans avant de pouvoir commercialiser le dispositif à grande échelle.
LE CHIFFRE |
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Dominique Artus |
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Réel Média par la rédaction
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